Professeur qui a renouvelé l’enseignement de la sculpture à l’université, Michel Goulet est surtout un immense artiste, un créateur et un travailleur infatigable. Aucun artiste québécois n’a reçu autant de récompenses et de prix prestigieux, et il est sans doute le plus visible hors Québec actuellement. Né en 1944, à Asbestos, le sculpteur revient dans ces entretiens avec Pierre Delorme sur son parcours, personnel autant que créateur, ainsi que sur sa démarche artistique, qui n’a jamais obéi qu’à une seule exigence : être en adéquation avec soi-même.« Installations, œuvres in situ, comment vous apparaissent ces démarches. Il y a la sculpture monolithique, un matériau, un objet dans l’espace, que je respecte. Mais ce n’est pas ce que je privilégie. Le rapport au regardeur, qui fait le tour d’une œuvre, qui la traverse, est aussi important que le matériau lui-même. Moi je n’ai jamais fait de la sculpture in situ, à savoir une œuvre temporaire, juste pour un lieu. J’ai le tort de penser que toutes les œuvres que j’ai faites doivent être permanentes, qu’elles peuvent être réinstallées dans un autre endroit. J’ai donc une préoccupation pour le lieu dans lequel ma sculpture va être vue : les murs, la hauteur des plafonds, comment les choses vont être distribuées sur le plancher, comment les gens vont l’aborder…