«Corten vous fera connaître la Bolivie, la Colombie et l’Argentine; il vous fera décourvrir le Chili et le Pérou; il vous fera aimer le Brésil et le Venezuela», écrit Normand Baillargeon dans la préface de cet ouvrage se situant à mi-chemin entre le livre d’entretien et le journal de bord. «Certes, vous verrez des lieux inoubliables et des beautés pétrifiantes. Vous verrez aussi des hommes et des femmes qui tutoient la souffrance, et dont on ne parle presque jamais, sinon lors d’une catastrophe naturelle. Corten vous les présente, il leur donne la parole.»
Professeur au Département de science politique, André Corten a mené des entrevues dans chacun de ces pays d’Amérique du Sud qu’il connaît très bien pour avoir publié de nombreux ouvrages à leur sujet. Il a interrogé des pobladores (ou les habitants des quartiers paupérisés), des habitants des zones rurales et des étudiants universitaires. «Je mène les entrevues moi-même, écrit-il en avant-propos, car je souhaite non seulement écouter et enregistrer, mais également observer et sentir. Je voudrais surtout saisir l’expression, car ce qui est extraordinaire et ce qui est important, c’est rarement ce qui est dit, mais la manière singulière dont c’est dit.»
Le récit qu’il adresse à son petit-fils, et par ricochet à tous les lecteurs, est celui de cette expérience sur le terrain, «telle que je l’ai vécue, écrit-il, telle que je l’ai ressentie. Écrit, soir après soir, au retour, dans un de ces multiples locaux Internet qui pullulent dans les villes latino-américaines.»
«Il m’a parfois semblé que la souffrance était le principal personnage [de cet ouvrage], écrit Normand Baillargeon. Mais je suis à présent certain que je me trompais et que le principal personnage que m’a fait rencontrer Corten s’appelle l’espoir.»