Né à Bagdad, Naïm Kattan est arrivé à Montréal en 1954. Le Canada, le Québec, il les a choisis, et il a toujours refusé de se considérer comme un exilé. Cependant, rejeter l’exil ne veut pas dire renier l’étranger en soi. Dès son arrivée au Canada, Naïm Kattan a accepté sa différence, il a revendiqué l’ailleurs en lui. Il a également compris qu’être étranger pouvait être un avantage, surtout dans un pays où se creusaient de nouveaux clivages culturels.
Sans nier le fait que les cultures se transforment souvent en instruments de pouvoir et parfois même d’oppression politique, Naïm Kattan a fait le pari du dialogue. Ce dialogue s’est avant tout joué sur le plan de l’amitié. Comme en témoignent ces entretiens, de profondes complicités ponctuent son parcours – André Laurendeau, Jean Éthier-Blais, Jean-Guy Pilon, Nicole Brossard, Gaston Miron, Jacques Godbout, Jacques Allard –, mais il s’est également incarné dans une œuvre de romancier et dans une brillante carrière de haut fonctionnaire dans le domaine culturel.
Les entretiens qui composent ce livre tentent d’analyser le rôle de la culture dans la construction des identités collectives et dans l’instauration d’un dialogue des communautés et des nations. Plus précisément, ils cherchent à rendre compte des transformations culturelles qui ont façonné le Québec depuis les années cinquante et qui ont influencé son devenir, autant dans son évolution nationale que dans ses rapports avec d’autres cultures, en Amérique du Nord, en Europe et ailleurs dans le monde.