Au cours des années 50 et 60, les poètes québécois ont appris à parler au nous. Soucieux de contribuer à l'affranchissement des contraintes idéologiques, politiques et religieuses de même qu'à l'affirmation nationale, ils ont créé entre autres ce qu'on a nommé la «poésie du pays». Les années 70, traversées par une succession d'avant-gardes littéraires, présentent deux tendances : dans la production inspirée par la contre-culture, on observe une sorte de prolongement du sujet collectif, tandis que les tenants du formalisme tentent pour leur part d'évacuer le sujet. Les années 80 sont marquées par l'essor de ce qu'il est convenu d'appeler la «poésie intimiste», qui s'exprime notamment par l'affirmation d'un sujet singulier et un retour au lyrisme.
La recherche actuelle sur la poésie s'entend à définir le sujet lyrique comme un sujet en procès, jamais fixé, dont l'identité est essentiellement problématique. À partir d'un corpus d'œuvres poétiques québécoises publiées entre 1980 et aujourd'hui, et à la lumière des travaux récents sur la poésie contemporaine et le sujet lyrique, ce collectif, sous la direction de la professeure Denise Brassard, du Département d'études littéraires, et de la doctorante Évelyne Gagnon, étudie les modes de représentation du sujet, en observant la façon dont le discours poétique s'inscrit dans la réalité contemporaine et ce qu'il en donne à saisir.