Je suis née entre le débat constitutionnel et le référendum de 1995 sur l’indépendance du Québec. J’ai grandi avec l’idée que le Québec était une société distincte, libre et capable d’assumer son destin. S’il a toujours été évident, à mes yeux, que le peuple québécois avait une identité forte et un caractère propre, il me semble encore aujourd’hui laborieux de décrire avec précision cette spécificité sans revenir inlassablement aux mêmes lieux communs : la langue française, le statut politique de la province, le Code civil, le passé catholique, l’hiver, le hockey... Pourtant, la culture québécoise ne recouvre-t-elle pas un nombre extrêmement riche et diversifié de lieux, paroles, images, qui nous fédèrent et nous distinguent comme peuple ? De quoi parle-t-on, au juste, lorsqu’on évoque la « culture québécoise » ?