Le livre débute sur la mort de Grumme, cette femme obèse qui tenait un magasin et enduisait son corps de parfums nauséabonds. Une sorcière qui héberge Noé et qui vit avec Lô, le vieux prêcheur du village. Deux êtres détestés par les gens de ce lieu de fin du monde situé près de la mer, où les baleines viennent s’échouer, leurs carcasses sanguinolentes abandonnées sur la berge.
Un conte sordide qui propose un sombre mélange entre cruauté, pathétisme et folie. Si court qu’il nous donne l’impression de s’être réveillé après un rapide cauchemar entre deux rêves bien banals. Si particulier qu’on se demande réellement par où on vient de passer: a-t-on imaginé tout cela? Vient-on réellement de lire cette absurde histoire où une jeune femme tente de s’enfuir de là en se cachant dans une des toilettes chimiques installées temporairement au village? A-t-on bien compris lorsqu’on a lu qu’on lui brûlait des grelots sur le corps en plus de lui en installer dans les cheveux?
Réelle curiosité que ce premier roman qui a été comparé à Anne Hébert (Les fous de bassan), mais qui me fait penser à l’univers franchement étrange et fascinant de La petite fille qui aimait trop les allumettes de Gaétan Soucy. Il semblerait qu’il y ait une certaine tangente vers ce type de récit que j’oserais qualifier de « post-apocalyptique », évoquant un monde brisé et traumatisé qui déraille. Je pense, entre autres, à Quai 31 de Marisol Drouin paru récemment chez La Peuplade ou encore Jean-Simon Desrochers avec son nouveau roman Le Sablier des solitudes (que j’ai bien envie de lire). Un genre qui me plaît définitivement en tous les cas.
Pour les amateurs de contes revisités à la sauce cauchemardesque, un bel exercice de style qui nous intrigue et nous donne bien envie de suivre cette toute nouvelle plume.